10 Octobre 2010
ITINÉRAIRES
À la croisée de mes cheminements
je me fais un destin d’une main crucifiée
je me fais un repos
à la halte du gué
je me fais une mer
au plat soleil du pôle
et brouillant tous les rôles
je vais,
je vais les nerfs à fleur d’acier,
à fleur de terre,
à fleur d’eau
jusqu’à percevoir
la joue bleue du matin
et l’ombre qui s’enfuit
au détour du chemin.
Thérèse SIMONIN
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MIRAGES
Adossée au bastingage,
adossée contre la nuit
je revois les clairs mirages
de mes années enfuies,
la brûlure de l’eau
sur ta peau qui se cherche,
ton profil découpé sur la carte du tendre
vertige au bord du lac de mes années lumières,
au creux de la rosée,
au bord de tes paupières,
tes cheveux endormis
dans le lin et la cendre,
tes cheveux ou s’enroule le parfum de mes nuits.
Thérèse SIMONIN
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VIOLENCES
L’orage se déhanche et se déchausse
sous le soleil magique d’un été qui ne veut pas
finir ;
l’orage arrache à la terre son rideau de lumière.
Violence de la foudre tombée soudain
sur les chemins délacés
qui ne sont plus que boue.
Violence de la tempête engloutissant soudain
dans son antre sans fin navires et marins.
Violence de la guerre qui piétine sans fin
tous les enfants du monde lancés sur les
chemins.
Violence du meurtrier qu’on n’a pas su aimer.
Violence de la haine raciale et de ses supporters,
les sinistres présages.
Violence du matador que la foule encourage
dans son œuvre de mort.
violence des chasseurs contre la floraison
des oiseaux migrateurs et des lapins naïfs
dont la douceur m’émeut.
Dans la nuit fauve du désir, violence de la brute
sur une enfant, une femme apeurées.
Violence des couples désaccordés
dans le long sanglot de leur regard blessé.
Violence dans la clameur muette et l’œil d’eau
de cet homme consumé par l’alcool
ou rompu par la drogue.
Violence verbale qui porte plus loin
que la blessure humaine
lorsque nul ne se lève pour éteindre la haine.
Mais violence…agenouillée de tous les repentis
à la table des fées.
violence apaisée lorsque le monde enfin
semble réconcilié,
que l’oiseau redevient ivre des plus beaux chants
et que les fleurs frémissent
sous les lèvres du vent.
Thérèse SIMONIN
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RENAISSANCE
Voici venu le dernier soir de l’année
Nous avons dépassé l’année du tigre
et l’on entendra plus au fond de la ramée
les chants épouvantés
dont les oiseaux sont ivres.
Quand l’orient pointe au bout de ma plume
et que, le soir tombé,
le parfum des agrumes
monte des arbres lourds de trop longues promesses,
lorsque le point du jour
regarde avec tendresse
l’herbe se déplier
et s’entrouvrir la rose,
que pour nous désormais
et qu’en tous lieux repose
le grimoire du temps
page à page, effeuillé…
Les insectes s’allument à la lampe du ciel
N’attendons pas demain
pour nous dire l’essentiel.
Que nos cheminements
dans l’eau verte des blés
croisent à tout jamais, croisent l’éternité.
Thérèse SIMONIN
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SUR LES AILES DU TEMPS
Dans l’univers enclos des vergers éployés
Saigne la déchirure d’un automne oublié
J’ai raturé mes mots sur le ciel du langage
Mes mots à contre mots
Mes mots à contre temps
Avant d’aller au large des aiguières du vent
Percés à contre jour
Sur les ailes du temps passé à contre amour
Dans l’étoffe de l’herbe et le liège des pas
Une mousse odorante m’a fait un au-delà
Que s’éloigne le voleur de rêves
Jusqu’à ce que le jour ait fermé ses
paupières
Et que le dernier mot
Avec la nuit s’achève
Thérèse SIMONIN
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Voici la quatrième de couverture du petit opuscule :
Lorsque je retrouverai le deuxième recueil des poèmes de Thérèse SIMONIN, je le mettrai en ligne.